La promenade des glaciers
Quoi de mieux qu’un petit tour en montage pour echapper à la chaleur humide de cet ete ? Seulement voilà, les montagnes au Quebec c’est plutôt limite, et Nico (un frangin) est justement en stage dans l’ouest canadien, près des rocheuses. Nous decidons donc de suivre la fameuse Promenade des Glaciers à velo (Icefields Parkway).
Pour le rejoindre à Banff, la solution la plus economique etait clairement le bus, un detail tout de même, traverser le pays ne se fait pas dans la journee ici. Après avoir fait les comptes, je pense que mes tickets pour l’aller-retour depassent les 10000 km, sur 5 jours et 22 h pour un peu plus de $300 !
Pas mal de gens m’ont dit que le bus n’etait pas une bonne idee, mais j’ai vraiment trouve ça sympa. On n’a pas souvent l’occasion de passer plusieurs jours dans son lit, avec un peu de lecture, un paysage à regarder, des gens marrants qui racontent leur vie, et un fast food à chaque repas. La longueur de la Transcanadienne rend le tout trèèèèès monotone, mais c’est reposant et joli (enfin je comprend que ça puisse être insupportable dans un mauvais jour).
En partant du Quebec, la première grosse partie est la traversee de l’Ontario, une forêt immense, un nombre incroyable de lacs tout aussi immenses et des collines. Le tout met une grosse journee à traverser.
Arrivent ensuite, les prairies. Ça tranche avec le passage vallonne de l’Ontario, la route semble toute droite pendant un bon millier de kilomètres, des champs à perte de vue. Dans cette section nous traversons trois provinces : le Manitoba, la Saskatchewan puis l’Alberta.
Enfin, viennent le premières montagnes des rocheuses, juste avant d’entrer en Colombie Britannique. C’est là que j’abandonne le bus pour le velo, dans le parc national de Banff.
Nous avons loue des velos sur place, chez Snowtips Backtrax. Je ne sais pas s’ils sont les moins chers, mais le prix etait raisonnable (150$ par velo pour la semaine) et le materiel etait bon. Au retour nous avons eu la bonne surprise de ne pas avoir dû payer pour les deux chambres à air patchees, quelques vis perdues, un porte bagage un peut casse et pas mal de reglages à refaire sur les velos. Très sympa, je vous les conseille !
Nous voilà donc à Banff, avec deux velos et de quoi survire une semaine, le temps est plutôt mitige. Voici le parcours prevu (~300 km), le profil (pentes max à 8%) et les campings possibles.
Demain nous allons à Lake Louise, mais le camping est très prise et nous n’avons pas pu reserver. Premier arrive, premier servi. Il va donc falloir partir vers 7h pour arriver là bas avant midi. Il y’a 65 km à parcourir, ça devrait être une etape pas trop difficile pour commencer.
Au reveil, on constate qu’il fait plus froid que prevu, dur de sortir du duvet. En même temps “Promenade des glaciers”, c’etait plutôt explicite… On se decide à bouger, apparemment il n’y a pas que des humains qui campent dans le coin !
Nous commençons les premiers kilomètres sous la brume. On decouvre les sommets les plus proches, qui apparaissent les uns après les autres, ils ont l’air immenses.
Au bout de quelques minutes, dejà une crevaison pour moi, la chambre à air à ete pincee. On la repare, rebelotte deux coups pedales plus loin, bizarre… Comme nous voulons vraiment arriver à Lake Louise le plus tôt possible, Nico va y aller tout seul pour reserver le camping, avec une des mes sacoches. Je vais retourner au magasin pour voir ce qu’il se passe.
Au magasin même chose, on dirait qu’il y’a un problème avec le pneu. Au final ils me donnent la roue d’un autre velo, et c’est enfin parti.
En fin de matinee le brouillard se lève complètement, ça comment serieusement à être beau !
Quand j’arrive au camping, Nico est dejà là, affale à l’entree. Ça a ete dur pour tous les deux on dirait ! En tout cas on a une place pour les deux prochaines nuits. On apprendra qu’il y’a des places reservees pour les randonneurs et les cyclistes, inutile de se depêcher donc… Nous avions prevu une randonnee pour l’après midi, mais ça sera des courses finalement, trop claques pour marcher. À voir la meteo, ça va rester frais et nuageux.
Nous allons nous coucher assez tôt, une belle barrière electrique tiendra les ours à l’ecart.
Reveil plus facile ce matin, c’est parti pour une trentaine de kilomètres à velo et deux randos. Ça fait dejà du bien de rouler sans bagages, et heureusement parce que ça monte sec.
On arrive dans la Ten Peaks Valley, puis au fameux Moraine Lake. Sa couleur bleue est due à la lumière et aux debris en suspension ou deposes lors de la fonte des glaciers. C’est un endroit accessible par la route, je vous laisse imaginer le nombre de bus, camping-cars et voitures.
Enfin dès qu’il s’agit de marcher un peu, plus grand monde. Nous devons attendre d’autres personnes qui veulent aller au Eiffel Lake, on doit rester en groupe de quatre à cause des grizzly !
Nous suivrons ce beau sentier “alpestre” avec un groupe d’americains.
Les dix pics sont imposants, trop pour tenir sur une photo, il va falloir aller voir ça par vous même…
Nous croisons aussi une première marmotte, decidement tout est enorme dans le coin.
Après ces quelques heures à pied, nous reprenons le velo pour aller voir le Fairmont Château Lake Louise. Il appartient à la même chaine d’hotel que le Château Frontenac. Cette fois la couleur est très pale, mais tout aussi bleue.
Vue au pied du château, et plein de japonais qui font la queue pour aller faire du canoë sur le lac.
Dejà le lendemain matin, aujourd’hui nous allons de Lake Louise à Waterfowls Lake (~60 km), avec une randonee au Helen Lake sur la route. Enfin c’est la theorie, la première etape etait vraiment difficile alors que le profil etait plat, il monte maintenant.
Au moment de la balade, nous sommes toujours en forme et dans les temps. On va donc la tenter, il parait que ça en vaut la peine. L’ascension commence dans la forêt, de temps en temps une vue sur le Crowfoot Glacier.
On arrive ensuite dans une zone incendiee, etonnamment jolie avec plein de fleurs qui ont pris la place des arbres.
Plus on monte, plus le panorama en impose, encore une fois impossible à photographier complètement !
Quatre heures plus tard nous reprenons les velos, première saucee du voyage.
Nous passons maintenant le Bow Lake.
En route, encore une petite marche pour voir le Peyto Lake. Nous venons de passer la première bosse du sejour sans difficulte, c’est cette belle vallee nous attend maintenant.
On s’arrête à un camping sous des trombes d’eaux. Ce n’est pas celui où nous avions prevu d’aller, mais il fera surement l’affaire. À peine le temps de nous decider à rester qu’il fait un grand soleil. C’est la première nuit dans un camping rudimentaire, pas de personnel, des toilettes sèches, pas de douche et l’eau dans le ruisseau. En tout cas tous les emplacements ont une vue suberbe, ça vaudrait presque le château de Lake Louise.
Jambon au feu de bois, pâtes à l’eau de torrent ce soir.
Quelques minutes plus tard, des nuages inquietants passent les sommets, decidement le temps change vite dans le coin. On va dormir pour ne pas voir ça.
Il a plu presque toute la nuit, le lendemain il pleut toujours. Au reveil on reste un peu le temps que ça se calme (au pire on loupe la marche du jour). Aujourd’hui nous allons de Waterfowls Lake à Wilcox Creek (~65 km), c’est la deuxième bosse du voyage, un peu plus raide. On se decide à partir malgre la pluie, de toute façon la tente commence à fuir. En reprenant le velo je m’aperçois que ma roue avant est à plat… C’est parti pour reparer ça avec les mains gelees.
Un peu avant de traverser la Saskatchewan, mon pneu commence à ramollir. Nous nous arrêtons donc à un restaurant pour reparer ça tranquillement, manger autre chose que des pâtes, et faire des stocks de ketchup et de miel. On s’aperçois qu’une agrafe etait dans ma roue depuis hier soir, ça devrait mieux aller maintenant.
Et voilà le col est passe, toujours sans difficulte.
Nous sommes encore dans un camping assez simple, cette fois il y’a eau et abris, mais toujours pas de douche. Ici aussi la vue est sympathique.
Le lendemain nous partons pour l’etape la plus longue, 110 km, jusqu’à Jasper. Dès le debut nous passons devant le Columbia Icefield, c’est très touristique, mais il doit être un peu tôt, toujours personne. Une grosse journee nous attend, nous n’irons pas voir de plus près.
On rencontre une chèvre cascadeuse dans un ravin.
Le paysage vu de la route est toujours aussi beau.
Première pause aux Sunwapta Falls.
Une deuxième aux Athabasca Falls.
Depuis ce matin nous suivons une rivière, partie de quelques ruisseaux quand nous etions en haut.
Nous voilà maintenant à Jasper, promenade (presque) terminee ! Un autre cycliste que nous avions rencontre à Lake Louise nous a conseille le burger frites à $5,50 du Whistle Stop Pub. En parlant de ce cycliste, son voyage est un peu moins petit joueur, Alaska - Chili, sur 2 ans ! Ça fait du bien de manger un truc qui cale, Nico en commande un autre, moi je prend un dessert.
Le lendemain nous allons faire un tour au Maligne Canyon, en attendant le bus qui nous ramènera à Banff.
Sur la route on s’aperçoit que Jasper n’est pas vraiment plus sauvage que Banff. D’ailleurs je ne sais pas ce qu’est la definition d’un parc national, mais apparemment ça n’empêche pas de construire autoroute, voie ferree, reseau 3G, station de ski, golfs, hôtels, magasins et j’en passe.
Après cette sortie, prochain defi : trouver des boites pour les velos, puis mettre les velos dans les boites. Avec plus ou moins de difficulte nous voilà dix minutes avant l’arrivee du bus, en train faire cuir du riz en ecrivant les premières cartes postales.
Comme il n’y a pas de trajet direct entre Jasper et Banff, il faut passer par Calgary, ce qui va prendre la nuit. Demain le bus de Nico est à 14h, le mien à 21h. On essaie de s’arranger pour que je puisse partir dès l’arrivee à Banff et avoir le temps de profiter de la dernière journee de location. Le ciel est toujours nuageux, on verra ce que ça donne demain.
C’est mieux :)
Donc le plan pour moi, c’est d’aller le plus vite possible au Johnston Canyon, nous n’avions pas eu le temps de le faire le premier jour, à cause des crevaisons. Un vrai safari cette journee, mais toujours pas d’ours à l’horizon.
Me voilà au canyon. Decidement cette section est difficile, comme le premier jour je suis dejà creve. Le profil n’est clairement pas juste, ou peut être que les bosses sont trop petites pour apparaitre dessus, mais c’est raide, même sans bagages !
C’est un endroit très accessible, avec des passerelles en bois et tout, très bien fait. Forcement enormement de monde au debut, dès que ça commence à monter, plus personne :p
Il me reste un peu de temps pour pousser jusqu’aux Ink Pots. Cinq petites mares turquoises et vertes. C’est en fait une source qui les remplit par le fond, la couleur change suivant la vitesse à laquelle l’eau s’infiltre.
Velo rendu à temps, il me reste quelques heures à passer à Banff. Après avoir vu tant d’eau, enfin le moment d’en profiter, aux sources thermales evidement :). À l’entree il y’a une petite cascade avec une odeur de souffre. Ah ouais c’est chaud !
Je vous laisse là dessus, un repos bien merite de trois jours en bus m’attend. Aux dernières nouvelles Nico est bien rentre en France :p